AQL : Une vie tranquille

Lors de la remise des diplômes du lycée, Maya, Swan, Louna, Kim et Chahan posent, doigts serrés, en attendant les résultats du bac. L’image est parfaite : cinq jeunes beaux, unis, pleins d’avenir — la publicité Benetton du vivre-ensemble version lycée. Ils se jurent de rester amis pour la vie.
Coupe.
Cinq ans plus tard : silence radio entre eux… jusqu’au jour où Maya envoie un message groupé. Louna propose de les réunir dans son garage — l’endroit rêvé pour constater que la vie ne les a pas du tout traités comme une publicité.

Swan s’est réinventé en sorcier certifié (auto-certifié). Kim, désormais femme, dealote pour arrondir ses fins de mois. Chahan, ex-beau gosse, vit entre bastons, vitesse et coming out assumé. Louna est devenue une geek du big data, maman de jumelles qu’elle balade dans un parc de serveurs. Quant à Maya, elle revient d’un an à l’hôpital psychiatrique — pour lequel personne n’est venu la chercher à la sortie — et bosse désormais dans un asile. Bref, la dream team.

La soirée de retrouvailles dégénère en confessions alcoolisées. Étendus à moitié ivres sur la pelouse fatiguée derrière le garage, ils débriefent leurs vies ratées comme on binge-watch une série qu’on aurait écrite soi-même. Et une idée stupide — donc forcément brillante — surgit :“Et si on pouvait voir les accidents avant qu’ils arrivent ? Comme des rayons X pour éviter la loose ?” Les vannes fusent, mais le plan commence étrangement à tenir debout. Louna peut coder. Maya peut profiler. Kim peut… obtenir tout ce qu’il faut pour altérer légèrement la conscience. Swan veut ajouter un brin de magie. Chahan connaît « un gars qui connaît un gars » pour le matos (et pour éviter de le payer).

C’est décidé : ils vont créer AQL, “A Quiet Life”, la première appli qui prédit les accidents du quotidien. Une start-up fondée par cinq super-héros de la lose qui deviendront millionnaires. 

Mais une vie sans danger n’est pas forcement une vie heureuse.